Storia Giovanna cause…

août 3, 2009

Woody Allen est mon chef spirituel

Filed under: Storia Giovanna regarde — storiagiovanna @ 12:04

En avril 2008, Woody Allen attaque la marque de vêtements American Apparel pour avoir utilisé une image de lui sans son consentement pour une publicité. C’est moche. Il en réclame donc 10 millions de dollars. Un an après, en mai 2009, le procès se règle à l’amiable avec 5 millions. En vérité, ce n’est pas la représentation de Woody Allen en rabbin sur cette publicité qui est en soi choquante (ben oui, s’il a voulu se déguiser en rabbin dans Annie Hall, c’est son affaire et il assume). Non, c’est que la firme American Apparel ait sous-titré en hébreu Notre guide spirituel. Peut-être sur le ton de l’ironie selon le plaignant…

Bref, quand il ne fait pas valoir son droit à l’image, le juif névrosé le plus connu après Jésus-Christ réalise des films. Jusqu’à ce samedi soir, je n’en avais pas vu un seul. Et, à vrai dire, je ne comprenais pas tout ce foin fait autour de lui. Qu’on loue la mise en scène d’un Scorsese, d’un Tarantino ou d’un Coppola, ça je comprenais. Même si je n’ai même pas vu Apocalypse now ou Gangs of New York. Seulement, je ne sais pas pourquoi, j’assimilais Woody Allen à ces personnes parlant d’un air fat du fait qu’ils soient des artistes incompris.

Et puis samedi soir, je suis allée voir Whatever works. La soirée commençait pourtant bien mal avec Tiny : il pleuvait, il y avait du monde sur la route, Peter von Poehl à l’Hôtel de Ville nous endormait plus qu’autre chose et les sushis étaient bizarre. Bref, il s’en est fallu de très peu pour qu’on passe une vraie soirée merdique. Forts de cette mise en condition, nous nous dirigeons vers la salle de cinéma. Nous nous installons, nous regardons gentiment les pubs, walou. Et soudain, le film commence : c’est parti pour 1h30 de considérations absurdes, d’expositions des pires névroses de la terre qui se réunissent soudain à New York. Et pendant 1h30, j’ai un large sourire. Un vrai bonheur. Comment me suis-je passé de ça pendant toutes ces années ?

Whatever works expose une philosophie de la vie à la fois simpliste et compliquée à mettre en place. En français, cela est traduit comme : Ce qui compte, c’est que ça marche. Que tu aies moins d’esprit que George W. Bush, que tu fugues de chez tes parents vers un monde inconnu, que tu tombes chez un mec qui se prend pour un génie et qui rate tout, même ses suicides, que ta mère WASP à mort te retrouve et se retrouve par la même occasion dans les bras de deux hommes, que ton père psychorigide fasse finalement son coming-out, qu’enfin tu rates ton mariage avec le névrosé qui t’a hébergée et que tu te trouves un mec romantique, tout ce qui compte, c’est que ça marche.

En cela, le premier film de Woody Allen que j’ai vu résonnera en moi comme la première fois que j’ai vu Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (merci Jean-Pierre Jeunet) ou Usual suspects (merci Bryan Singer). C’est-à-dire un film qui me surprend, qui me met en joie, qui me fasse dire à la fin : Mais quelle bonne histoire imaginée, alors que c’est une histoire quotidienne. Ces films sont trop rares au cinéma, c’est pourquoi je ne m’y intéresse que très peu.

Et donc, à l’image de Boris Yelnikoff, j’ai trouvé qu’il y avait un peu de Woody en moi. Cette espèce de névrose que certaines personnes ont à se sentir supérieures alors que le monde autour d’elles leur semble tellement peu construit, tellement nul, tellement… humain après tout. Cette espèce de détachement par rapport à la trivialité qu’ont leurs semblables. Et il suffit qu’une personne qu’elles considéreraient comme une moins-que-rien leur remonte les bretelles…

Bref, Woody Allen, avec Whatever works, m’a séduite. En effet, à l’instar d’American Apparel, j’ai trouvé mon guide spirituel.

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